En raison de la situation de l’agglomération du Havre, à l’extrémité de la Pointe de Caux, épandre les boues d’épuration en amendement agricole impliquait de les transporter sur de longues distances, avec en plus une pollution assurée des sols. Le Havre parie donc sur l'auto-combustion des boues.
La toute nouvelle station d’épuration du Havre (322 000 EH), inaugurée mardi 18 octobre, est l’un des premiers sites français à accueillir un Thermylis – un procédé d’oxydation thermique des boues proposé par Degrémont et qui fonctionne par auto-combustion.
e t c'est ainsi que
le Bérry lutte contre l'envahissement de cette pollution parisienne.
« Cette solution a donc été abandonnée au profit d’un traitement sur place par incinération. La solution Thermylis de Degrémont a été sélectionnée en raison de sa capacité à fonctionner en « auto-combustion ». « Le four utilise le propre pouvoir calorifique des boues », précise Gérard Tannière, directeur eau et assainissement de la Communauté de l’agglomération havraise (Codah).
Boues primaires et secondaires
Après avoir été mis en route grâce à du gaz naturel, le four n’est plus alimenté que par les boues. Ces dernières sont de deux sortes : les boues issues du traitement biologique, en l’occurrence des bassins Cyclor où le traitement est de type boues activées par réacteur biologique séquencé (dit RBS) ; et des boues primaires. Ces dernières sont produites à partir d’eaux brutes envoyées après prétraitement vers un décanteur lamellaire. « Elles ont une meilleure combustibilité que les boues secondaires », explique Philippe Harrissart, directeur de projet chez Degrémont. Ces deux types de boues sont mixés, puis le mélange est déshydraté dans des filtres presses pour atteindre une siccité de 32% avant d’alimenter le four Thermylis.
Lit fluidisé
Ce dernier contient un lit de sable porté à haute température et fluidisé par un apport d’air chaud (650° C) provenant d’une boite à vent. Cela crée une turbulence, similaire à celle d’un liquide en ébullition, où les boues sont incinérées à une température atteignant par pointes 850°C. La chaleur des fumées sortantes est récupérée pour chauffer l’air de fluidisation, d’où l’efficacité énergétique du procédé.
« Ce traitement génère des cendres sèches minérales, valorisables en ciment ou en matériaux pour les routes », poursuit Philippe Harrissart. Le four possède aussi un traitement poussé des fumées (chlore, dioxines…), ce qui produit un déchet appelé refus d’incinération des boues (refib), qui doit être envoyé en centre de traitement des déchets.
Pluie décennale
La station du Havre présente aussi d’autres particularités : ainsi, la décantation lamellaire sert, par temps de pluie, à traiter le surplus d’eaux entrantes. « Toutes les eaux générées sur la communauté d’agglomération par une pluie décennale peuvent ainsi être traitées sans rejet direct au milieu naturel », garantit Gérard Tannière. Autre spécificité : c’est la plus grande référence européenne de Degrémont pour son produit Cyclor. En raison du manque de place au sol, deux réacteurs Cyclor ont été installés l’un sur l’autre, ce qui est une première.
Tous ces efforts doivent permettre au Havre de protéger sa baie. L’agglomération contribue ainsi à atteindre le bon état dans l’estuaire de la Seine, conformément aux exigences de la DCE. »
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