POURQUOI L’EAU est-elle plus chère à la campagne ?
Certains élus, par médias interposés, ressassent leur divine réponse : « La longueur des réseaux est inversement proportionnelle au nombre d'habitants au km2, l'eau coûte donc plus chère à la campagne qu'en ville ». Une parfaite lapalissade pour éluder la réalité. Certes, la longueur du réseau n'est pas sans conséquence sur la facture d'eau, mais d'une façon générale cette conséquence est bien moindre que celle présupposée. Ce genre d'évidence gratuite n'est jamais quantifiée, évidemment.
Et pourquoi ?
Une véritable injustice nationale
L’AGRICULTURE nourrit la Nation, les habitants des villes et des villages. Et donc l'agriculture pollue les sources et les rivières. Les maires des villages sont mis en demeure, par la Préfecture, de prendre les dispositions nécessaires pour lutter contre la pollution des nappes phréatiques ( pollution par les produits chimiques utilisés par l'agriculture ).
L'Etat ( DDASS ) adresse aux maires des villages, par exemple cette lettre administrative : « La teneur en nitrates analysée ( 50,4 mg/l ) dans votre commune est supérieure à 50 mg/l. Cette eau est donc NON CONFORME à la réglementation française pour ce paramètre. Une enquête devra être effectuée IMMEDIATEMENT afin de déterminer les causes de cette non-conformité. Des mesures correctives nécessaires devront être prises rapidement afin de rétablir la qualité de l'eau. Les résultats de l'enquête de recherche des causes ainsi qu'une information sur les mesures correctives prises devront être transmises Immédiatement au Préfet ... etc. ». L'humour des ordinateurs de nos administrations est souvent très pesant, mais certainement pas anodin.
Comment remédier à une telle pollution, qui dure depuis des années et qui est très variable suivant les saisons ( épandages et météo ), que faire ? Poursuivre l'exploitant agricole en justice et lui demander des dommages et intérêts ? Impossible, la pollution agricole est, de fait, un droit. C'est donc aux consommateurs d'eau potable de payer la facture.
Cette dépollution n'étant pas matériellement possible, la seule possibilité pour les petites communes est de faire appel à une entreprise privée ( les habituelles Lyonnaise, Veolia et consorts ) très impatientes d'avoir de nouveaux clients. Que proposent-elles ? De diluer cette pollution avec une eau moins polluée ( essentiellement des eaux de surfaces ) ce qui augmente le prix du m3 d’eau de 1 à 2 €. C'est ainsi que l'eau du robinet pourra avoir parcouru une cinquantaine de kilomètres pour venir alimenter un village où l'eau polluée de ses sources coule en abondance.
Si la Bretagne fut une des premières régions à être victime de cette pollution, la pollution s'est généralisée sur l'ensemble du territoire où l'agriculture est présente. La Bourgogne, lieu de naissance d'IGEPAC, n'y échappe pas.
Une rapide remarque à propos des taux de pollution : la Lyonnaise ( Magazine Hiver 2009 ) conseille de boire l'eau du robinet : " Eau du robinet - Dégustez toutes ses saveurs - On y prend goût ! ". La loi limite la pollution en nitrate à 50 mg/l. Nous pouvons donc boire l'eau de la Lyonnaise dosée à 30 mg/l ( dosée à 30 mg/l pour être sympa, nous aurions pu prendre 49,99 mg/l ). Mais la Lyonnaise oublie de nous dire que la loi nous oblige à limiter notre consommation. En effet si la loi sanitaire interdit de boire un verre d'eau dosé à 50,6 mg/l de nitrate, elle ne peut pas nous autoriser à boire l'eau de la Lyonnaise sans modération. Dans le cas cité, nous devons nous limiter à 2 verres ! Une relativité qui coûte très chère aux communes rurales.
Mais de quoi vous plaignez-vous, nous rabâche nos élus ? Évidemment, la situation des pays en voie de développement est encore plus inquiétante car la pollution n'est pas contrôlée et les conséquences sanitaires y sont catastrophiques avec des développements exponentiels de cancers. Nous avons la chance d'être immunisés par des ingurgitations homéopathiques, n'est-ce pas Docteur ? Un très gros dossier à établir.
Actuellement, seuls les villageois subissent les conséquences financières d’une politique agricole qui semble être est incontournable : la pollution agricole est autorisée, l'agriculture est fortement subventionnée et « le pouvoir d'achat des exploitants agricoles doit être maintenu ( Agence de l'eau ) ». Il faut donc que le coût total de la pollution agricole soit pris en charge par l’ensemble des consommateurs, villageois et citadins.
En conclusion et pour comble ! Les villages subissent seuls la pollution et doivent se résoudre à acheter l'eau moins polluée des villes ! Et les maires de ces villages doivent quémander des subventions, demander l'aumône aux élus-décideurs locaux ( citadins le plus souvent ). Et le jour venu, on rappellera à la commune que c'est grâce à son cher protecteur qu'elle a pu avoir une aide !
L’eau est devenu un patrimoine national. La pollution est un problème national, son financement doit être national.
Les Agences de l’eau pourraient en réguler le financement. ... ?