La plongée en eaux troubles avec la CLCV
Vous avez dans cet article, en intégralité, l’introduction suivi des propositions de la CLCV avec deux commentaires d’igepac et de la conclusion du dossier. Ensuite vous pourrez télécharger séparément chaque chapitre ou le dossier complet ( 21 pages ) pour prendre le temps de tout lire et faire suivre le dossier à vos amis, vos journaux locaux, vos élus, etc. Il faut une diffusion maximale pour espérer acquérir les quelques droits élémentaires oubliés.
Le S.P.A.N.C.
( Service Public d’Assainissement Non Collectif )
Un service « public » qui court après une réglementation qui lui court après !
Sur l’ensemble du territoire national, près de 13 millions de personnes sont équipées d’une installation d’assainissement autonome des eaux usées domestiques (ou assainissement non collectif – ANC). L’entretien et le bon fonctionnement de ces 5 millions d’installations incombent aux propriétaires et aux locataires des logements.
Les lois sur l’eau de 1992 et de 2006 (LEMA – Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques) ont donné, depuis 2005, aux collectivités locales, la charge de contrôler ces installations individuelles, au travers des SPANC (Service Public d’Assainissement Non Collectif). La loi Grenelle de l’environnement de 2010 a cadré l’ensemble du dispositif.
Pourtant, une réglementation encore en cours d’évolution couplée à une relative autonomie laissée aux SPANC, a entraîné des pratiques pour le moins problématiques. Une information (réglementaire, technique, financière) largement insuffisante, des contrôles souvent jugés peu fiables, selon des fréquences parfois abusives et dont le coût peut varier de 1 à plus de 8, des obligations de travaux contestables voire abusives, provoquent questions, doléances et contestations de la part des usagers.
La CLCV et l’ANC
Depuis plus de vingt ans, la CLCV s’est résolument engagée sur cette question de l’ANC, à une période où celui-ci était décrié au bénéfice de l’assainissement collectif (avec ses milliers de kilomètres de tuyaux, générant en milieu rural et périurbain des investissements considérables).
Le but de la CLCV est de développer des actions constructives (comme elle le fait également dans les domaines de l’eau et de l’assainissement collectif), au bénéfice des consommateurs et usagers, afin de réduire les nuisances à la source, de protéger la santé et l’environnement, en exigeant une réduction des coûts et une transparence, une démocratisation de la gestion des services.
Elle favorise les échanges, les synergies entre les différentes compétences, dans une stricte conformité légale et en toute indépendance vis- à-vis des professionnels, des lobbies industriels, et des pouvoirs publics.
Elle a ainsi contribué à ce que l’assainissement non collectif soit enfin reconnu par la loide 1992 comme le moyen de traitement des eaux usées le plus adapté à l’habitat diffus. Depuis elle n’a cessé de plaider pour une réglementation claire, pragmatique, favorisant un assainissement efficace au moindre coût, et une large concertation des collectivités et de l’administration avec les usagers.
Elle a mis en garde contre une contradiction croissante : dans un premier temps, beaucoup de retard pris par les collectivités locales pour mettre en oeuvre leurs obligations, puis, sous la pression d’une réglementation instable et jusqu’alors inaboutie, trop de précipitation et d’arbitraire dans les modalités d’application ; ce qui ne pouvait que provoquer incompréhension et conflits avec les usagers.
Depuis trois ans, grâce au développement des actions des usagers sur le terrain et aux témoignages des associations membres de son réseau national ANC, la CLCV agit pour contrer les pressions des industriels qui veulent imposer leurs produits et pour rappeler l’objectif premier des SPANC – le seul objectif incontestable, à ses yeux – qui est de lutter contre la pollution diffuse de l’eau et de préserver la santé publique.
Ce « dossier noir de l’ANC » est le fruit de ces expériences partagées. Il tente d’illustrer, parfois jusqu’à la caricature, l’incroyable pagaille qui règne dans la mise en oeuvre de ce nouveau service « public », au travers de situations vécues ; ces tranches de vie permettent d’approcher et d’interroger un système (mal) bâti de toutes pièces, sous un faux nez environnemental qui est aujourd’hui largement contesté.
L’expérience de dialogues entre les usagers et certains SPANC montre pourtant qu’il est possible d’améliorer notablement la gestion de ce service. Hélas, cela est loin d’être possible partout. On pourra nous reprocher de noircir le tableau en ne pointant que des cas extrêmes ; ils sont pourtant le lot de bon nombre de personnes.
Au delà de ce coup de colère, la CLCV se veut porteuse de propositions pragmatiques et de bon sens qui pourraient permettre… d’assainir la situation !
Une information (réglementaire, technique, financière) largement insuffisante, des contrôles souvent jugés peu fiables, selon des fréquences parfois abusives et dont le coût peut varier de 1 à plus de 8, des obligations de travaux contestables voire abusives, provoquent questions, doléances et contestations de la part des usagers.
Les propositions de la CLCV
avec deux commentaires d’igepac
Ses enquêtes sur les tarifs des SPANC ainsi que les informations de terrain dont elle dispose via le réseau d’associations d’usagers qu’elle coordonne indiquent qu’il continue d’y avoir de grandes disparités de tarifs et de pratiques selon les SPANC. La CLCV ne conteste pas le principe des contrôles. Il est cependant essentiel de mieux harmoniser les fréquences et les tarifs et d’éviter les excès. Pour cela, plusieurs leviers d’action sont possibles, et notamment :
- le regroupement de services ou la mutualisation de moyens entre services, pour faire des économies d’échelle ;
( igepac : pour les petites collectivités, en milieu rural, il aurait été plus économique de regrouper uniquement les obligations annexes aux contrôles du fonctionnement des installations existantes, contrôles qui seraient alors gérés par les MAIRIES afin de limiter les montants de la redevance.
Par exemple : avec une centaine de contrôles tous les dix ans soit un par mois, ce contrôle qui aurait pu être fait par un conseiller municipal ou un délégué formé à cet effet. Pour une redevance actuelle de 150 € tout les 5 ans, c’est 3000 euros par an dépensés par les habitants de cette petite collectivité pour simplement faire un constat !!! )
- la limitation ou de la fréquence des contrôles ; il n’est pas acceptable que la plupart des services aient choisi une échéance quadriennale alors que la loi n’exige qu’une périodicité de dix ans ! ;
- l’utilisation de données complémentaires ( analyses de la ressource en eau, des rivières … ), qui si elles indiquent une eau de bonne qualité, montrent aussi que les installations situées dans ce périmètre fonctionnent correctement ;
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La prise en charge par la collectivité du surcoût généré par une fréquence plus grande des contrôles justifiée au regard de situations locales particulières ( périmètres de captage, zone sensibles, etc. ), dès lors que les habitations ont été autorisées dans ces périmètres ;
- L’accompagnement financier par les Agences de l’eau des particuliers ne pouvant assumer le coût de la mise en conformité de leur installation lorsque celle-ci est objectivement nécessaire.
( igepac : il faut absolument exiger que les Agences de l’Eau financent l’ANC de la même façon qu’elle financent le collectif. L’argent est là et les pollueurs ne sont pas ou peu taxés, les solutions doivent être trouvées. Il est URGENT que les politiques assument les conséquences de LEUR loi qui cible principalement les ruraux … et Marianne n’aime pas subir ça ! )
Enfin, la CLCV
- rappelle que le montant de la redevance doit correspondre au service rendu. Beaucoup de SPANC pratiquent des tarifs raisonnables, ce qui prouve bien que c’est possible ;
- demande la généralisation des commissions consultatives, sans limitation de seuil de population, pour qu’une concertation approfondie s’instaure dans chaque service sur le règlement de service qu’il va falloir mettre en conformité avec la nouvelle réglementation et les modifications apportées par la loi « Grenelle 2 » et les prochaines clarifications qui seront apportées par le Plan d’action national de l’ANC ;
- avec son guide pratique « L’assainissement individuel des eaux usées », elle permet à chacun ( usagers et élus ) d’avoir les éléments en main pour réussir l’assainissement autonome des eaux usées : protéger la santé et l’environnement de façon adaptée, pragmatique et en dépensant le moins possible.
Conclusion ( provisoire...! )
De toute évidence, avec la montée en puissance des SPANC et les exigences qu’elle entraîne sur les usagers, l’ANC est entré dans une zone de fortes turbulences.
S’il est inutile de revenir sur les tensions qui existent sur le terrain, il est à noter que le délicat sujet des travaux de réhabilitation exigés des particuliers, est à l’origine d’un profond désaccord entre les instances nationales ( MEDDTL et Agences de l’eau ) et les professionnels.
Ces derniers militent fortement pour des obligations de travaux à tour de bras et tous azimuts, alors que les premiers, conscients de la charge financière qui pèserait sur les ménages et des aides en argent public qui devraient être investies (via les Agences de l’eau), rappellent le cadre fixé par la loi Grenelle 2 qui prévoit de les limiter aux seules installations présentant des risques avérés pour l’environnement ou de danger pour la santé.
Pour nous et de façon impérative, les enjeux économiques de l’ANC, pour importants qu’ils soient, doivent être corrélés aux nécessités et aux contraintes sanitaires et environnementales réelles mais aussi à un contexte de crise qui pèse de plus en plus lourdement sur les ménages ( Cf les « 88 propositions de la CLCV en faveur du pouvoir d’achat » ( octobre 2011 ) qui pointe « l’explosion des dépenses contraintes… et la régression du pouvoir d’achat pour la majorité des Français » ).
Forte des propositions qu’elle fait pour une amélioration du fonctionnement des SPANC, la CLCV reste plus que jamais mobilisée pour que les usagers ne se retrouvent pas captifs de mesures socialement et financièrement outrancières et inéquitables.
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Une dernière citation sur l’extravagance de la situation, entendue à plusieurs reprises « Nous sommes tous pris dans une course qui est devenue folle ! »
La fermeté du Ministère de l’Écologie, engagé dans la maîtrise de cette course folle et à l’écoute des usagers, permettra-t-elle d’éviter l’embardée ?
Les Agences de l’Eau qui tiennent un discours de bon sens et de modération sur la nécessité supposée de travaux à généraliser, seront-elles entendues, sans crainte de se voir disqualifiées ?
Dans cette approche raisonnée, accepteront-elles d’apporter dans le cadre du prochain programme d’intervention en préparation, d’accompagner financièrement les particuliers ne pouvant assumer.
AU SOMMAIRE
Les différents chapitres ( au format pdf ) sont accessibles séparément en cliquant sur le titre.
La rencontre avec l’absurde : les raisons de la colère
L’anarchie : s’il existe des règles, il existe bien plus d’exceptions à ces règles
La photo de famille : quelques catégories remarquables d’élus
Le SPANC ou le bonheur financier : paradigme pour un nouveau
« secteur d’activité »
5 - Enquête de la CLCV sur les tarifs des SPANC
( Comme par exemple à Vitteaux à 185 € dont le SPANC est « géré » par l’actuel ministre de la fonction publique, … qui « gère » en parallèles également la Côte d’Or, plus … ! )
6 – Les propositions de la CLCV
Pour télécharger le dossier complet
Cliquez sur l’image ci-dessous
Mille et un mercis à la CLCV
Si vous n'avez pas lu auparavant
l'avant-propos d'igepac :